université
Non, c'est pas l'perron d'une église. C'est l'entrée d'une université, l'ouverture de la pensée, de tous les états d'esprit…

J’vais encore une fois faire de quoi qui apparemment s’fait pas à l'ère du “ who likes you ”confondu au “who’s like you” : j’vais énoncer une vérité qui n’plait pas à tout l’monde. 
Une vérité que certains préfèrent toiser de l’extérieur en se disant « Pfff…si j’me vois pas déjà d’dans, si c’est pas moi qui shine, c’est quoi l’deal ? Tu m’invites à faire mieux ? Tu me dégrades ! ».  
Ainsi s’enfoncent les barreaux de la petitesse, du Moi étroit. 
Ne me sortez surtout pas du moi que je connais ! Et si je me perdais dans tout ce que je ne suis pas encore, dans tout ce que l’autre peut être et qu’en Moi, je ne vois pas ?
Miroir, Me war… 
Est-ce que c’est ce même réflexe qui s’enclenche quand quelqu’un nous dit fièrement qu’il est différent de nous ? Et qu’automatiquement dans notre tête on lui répond « *Tchuip*… mais pour qui tu t’prends ? Prétentieux… »
Pourtant, différent ne veut dire ni pire ni mieux ! Différent veut juste dire différemment ! 
Quelle opportunité d’accroissement, non ?
À quelle mesure et jusqu’où irons-nous pour ne voir que nous-mêmes ? 

Moi je dis qu’il n’y a pire ego démesuré que celui qui préfère s’abriter dans la peur de ne pas être suffisant pour être apprécié, cachée sous le masque fêlé de la satisfaction, plutôt que de s’offrir au devenir, à tous les possibles du soi qu’il reste à explorer, à apprendre, à partager.
Être productif, être évolutif, être vivant c’est être encore capable d’apprendre. 


« Ma culture, mes ambitions, mes désirs s’entrelacent
Comme les fils dans le tissu de mon identité
Comme les rythmes dans la partition de ma vie »

C’est pas moi qui ai écrit ça. Pas un grand écrivain connu non plus. C’est un des étudiants, américains, à qui je contribue à apprendre l’écriture de notre langue française.
Car je me retrouve là, pas si loin que ça, de l’autre côté de la frontière, invitée à offrir des cours à l’université, à parler sémantique, à présenter ma langue, ma culture, l’expression de mon histoire dans l’action artistique, à parler de la francophonie, du Québec, d’Haïti, du 67, du body language de l’Afrique, de la Marche des Peuples des Premières Nations, des Mémoires d’Encriers, de Vigneault, de Miron, d’André Gladu, de Michel Brault… 
Et ça flow mes amis ! Ça flow !
Pas une seconde je me suis questionnée. Pas une seconde je me suis retenue. Je ne me suis jamais demandé si j’étais trop ou pas assez, si j’étais à ma place. 

C’est avant d’y aller que j’ai du bâillonner, ligoter toute cette imposture en moi.
J’ai du me reposer encore en cette même et seule question : 
Et si j’étais à leurs places, qu’attendrais-je de moi ? 

J’ai imaginé mes échanges avec mes étudiants, toutes les connaissances que je pouvais leur céder, mes engagements avec les professeurs qui m’invitent comme leur égale et doivent me faire confiance en me livrant leurs élèves, les poignées de mains avec la direction que je dois évidemment rassurer sur son investissement sur moi, mes discussions autour de la table avec les intellectuels (oui, intellectuels ! Arrêtons d’avoir peur de ce mot !) tous ces intellectuels qui m’ont naturellement encouragée à exposer le détail, toute la profondeur de ma pensée, mes expériences et mon savoir pour qu’on puisse cultiver ensemble notre raison d’être, pour joindre le nécessaire à l’agréable, pour joindre tout ce que nous sommes devenus à ce que nous seront, à la suite de ou malgré nous. 
Jamais je n’aurais pu prévisualiser tout ce que moi-même j’ai appris. 
Jamais je n’aurais pu deviner que ce faisant, je me rencontrerais moi-même. 

J’ai rencontré ce USA, cet état désuni des Amériques, certes, mais ni État ni Être ne sont inextensibles ! Et c’est pourquoi chaque être est responsable de faire taire la peur, de se retrouver, se recentrer puis de se sortir de tous ses états !
J’ai rencontré ce USA qu’on n’aperçoit jamais dans les images slogans des grands joueurs et des player haters, répétés à tue-tête sous les cheap cagoules du « je ne sais pas qui tu es but… We Not Like You ! »
Si seulement on faisait connaissance… Yeah, we all wanna be great. But can we greet again? As we walk the line?
Et si de la connaissance on refaisait un chemin et non pas une montagne ?

Avec des si, on mettrait des monts en bouteille. 
On ne sait même plus qui est Simon but Simon says we don’t like you. 
Entre ceux qui rêvent des cimes et ceux qui cauchemardent les monts, toujours le même sommeil,
le levain de l’ignorance qui boit la vérité dans le vain sans n’avoir jamais vu la vigne grimper sur la treille.

« Faut sortir d’ici de temps en temps ! Autrement on risquerait de croire que cette enceinte résume le monde ! »  m’a-t-on dit là-bas.
C’est vrai. Assis au centre de nos 360 degrés de privilèges, notre îlot devient pays et ce pays devient univers. On oublie vite la vue qu’on avait des hublots. 
Dans des bouteilles, des navires nous servent de bibelots. 

Mon regard se jette au large du campus universitaire…sur tous ces étudiants qui marchent, que je vois avenir vers moi, qui agitent ces rêves qu’on ne devrait jamais enterrer. J’ferme les yeux, j’entends les bouteilles, j’entends les navires, j’entends la mer qui rugit, qui rutile ! Cher devenir, à quoi puis-je t’être utile ?

« Peut-être que tu peux m’aider à ne rien perdre de moi, à oser me dire à haute voix avec tout ce que j’ai d’unique dans ce cadre rigide où on se tait pour apprendre ce qu’il faut faire, ce qu’il faut être, ce qu’il faut voir dans le miroir ? »

C’est ce qu’ils m’ont demandé. Et je rapièce tous les morceaux du Me War.  
Rappelez-moi qui disait : « No matter where you go, there you are » ?

***

Je remercie tous ces professeurs, docteurs, transmetteurs de savoir qui m’ont dit : « Let me lay low in silence. You grab the mic…and tell us everything. »  
Voici la vérité qu’on ne veut pas entendre : Je peux compter d’une seule main le nombre de fois dans ma vie où on m’a invitée à me raconter sans me dire d’abord de faire simple, de faire court, de faire terre-à-terre, de faire punché, de faire léger, de faire radiofriendly, de faire pop, de faire vendeur, de faire formaté, de faire spectaculaire mais toujours à la mesure de ce que les petites gens peuvent comprendre et apprécier, tsé ! 
Quel dommage. Alors où est-ce que la grandeur s’aborde ?  
Ce sont toutes ces “petites gens” qu’on saborde. 

Évaporons le mirage, l’illusion.
Je ne suis pas une statue, un spectacle immobile, un déjà-vu. 
Je fais partie d’un monde vivant, accessible, illimité et en mouvement. 

Arrêtons notre dévaluation.
Les gens sont ouverts ! Même l’argent est ouvert, la business est ouverte !
Il faut toujours le mentionner puisque tout est performance économique, vrai ou pas ?
Ne nous trompons pas quand ce sont les esprits conservateurs, rétrogrades, égocentriques mais calqueurs parce que complexés qui se présentent petits et limités avant de nous encadrer… 

To Pittsburgh, Carnegie Mellon, to all the passionate teachers, the inspiring students, the intellectuals who go deep into the know-how of living life! the good people who taught me so much about myself, to Sebastien Dubreuil and Suzanne (big hugs to your children), Christopher Jones and Linda, Lance LaDuke, Alexa Woloshyn, Stephan Caspar, thank you from the bottom of my heart for the dialogues, the sharing, for your welcome, your generosity, your trust…for this invitation. It’s on! 

See you soon…