
J'ai été surprise et très intriguée d’apprendre que cette année, le MET Gala, du Costume Institute, plus grand événement annuel du monde de la mode, qui se tiendra la semaine prochaine, le 5 mai au Metropolitan Museum of Art, à New York a choisit pour thème le dandysme, l’art de se dire par l’élégance très recherchée et étudiée des vêtements que l’on porte, par le comportement et l’allure raffinée et élevée qu’on se donne. Mais pas n’importe lequel dandysme ! Celui du dandy noir ! Superfine : tailoring black style, l’ultra fin de la haute couture sur mesure afro, et toute l’expo sera 100% inspirée par le livre dont je vous parle aujourd’hui, celui de Monica Miller sorti en 2009 sur le sujet ;
Le titre est long mais important dans chacun de ses mots : Slaves to Fashion: Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity
Si je traduis librement : « Des esclaves à la mode » ou « Esclaves de la mode ». Monica Miller, dès le titre de son livre veut qu’on sous-entende déjà la dichotomie. Les deux côtés de la médaille, ou de la cravate si on veut ici.
Le Dandysme noir et le stylisme de l’identité diasporique noire. Dès le titre, on est déjà dans une conversation polémique
Alors c’est quoi ça, exactement, le dandysme ?
Pourquoi ce sujet est important et qu’est-ce qui rend le dandy noir si particulier pour qu’on le mette comme ça en relief et qu'on l'applaudisse ?
Et surtout, c’est quoi le rapport - très étroit - du dandysme avec la littérature ? Car c’est par là qu’il prend et nous vend toute sa définition et sa valeur.
Animée par Karyne Lefebvre sur les ondes de Ici Première.
samedi 26 avril à 15h
clique sur l'image pour écouter l'entrevue
PHOTO : Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa
Merci Hamza ! La photo est superbe et toi aussi.
Tout le déroulé de ce moment a été juste...wow.
D'abord, toute ma journée dans l'corps. Mais en plein coeur de celle-ci, l'émission ;
L'accueil, l'écoute, la justesse de répartie de Karyne à l'animation dès la première partie.
+ Deuxième partie : rencontrer la très grande Nicole Brossard pour converser avec elle sur la poésie ? 😮
Merci à Karyne et à sa recherchiste Florence Migneault ainsi qu'à toute l'équipe en studio.
Et merci à Mme Nicole Brossard (!) pour ce cadeau qui m'a saisie avant même que je n'arrive à l'agripper.

Cette semaine marque les 55 ans de la mythique Nuit de la poésie, la 1ère, celle qui a eu lieu dans la nuit du 27 au 28 mars 1970 au Gésu sur la rue Bleury et qui est devenue l’un des moments phares de la littérature québécoise. Certains disent même que ce que Woodstock a été pour la musique populaire américaine, la Nuit de la poésie l’a été pour la littérature québécoise.
Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce qu’elle représente pour moi d'abord mais surtout pour toute la culture québécoise en général.
Visionnez « La nuit de la poésie 1970 » sur le site de l'ONF :
Extrait d'archives de Radio-Canada - échanges entre poètes au « Perchoir d'Haïti » en 1965 :
Suite de ma série de chroniques sur l’histoire de la musique engagée.
On est dans le cadre du Mois de l’Histoire des noirs et ça tombe bien ;
C’est précisément là où on était rendus dans notre chronologie : l’impact de la musique des noirs ou de l’engagement des noirs par la musique.
On a statué lors du prédcédent épisode que la musique est née de l'engagement. Répondre au désir et à la nécessité de communiquer avec l'environnement qui nous entoure, communiquer avec soi et avec les autres, avec le plus grand que nous, l'espace, le “divin” comme le plus petit, l'enfance, la proximité, communiquer l'intime, transmettre l'énergie, le rythme, la force, la célébration... bref, la musique est née pour matérialiser et exprimer notre présence commune.
Alors si la musique a été créée pour s'engager, à quel moment et pourquoi se désengage-t-elle ? Ou est-ce plutôt simplement qu'elle change de forme d'engagement ?
Je trouve ça très épineux en ce moment de prendre le micro pour mettre la lumière sur autre chose que sur nos hantises, sur les impacts des turbulences américaines ou sur ce qui se passe à Gaza ou au Congo par exemples... Mais je comprends très bien l'importance de sortir la tête des écrans, de se détacher de l'arme qui cache la forêt, de continuer à vivre, de ne pas arrêter de se proposer, en ce que nous faisons et ce que nous sommes de mieux.
Heureusement qu'il y a l'art et la culture pour nous permettre de prendre ce recul, d'observer l'instant sous un autre angle, dans ses profondeurs sensibles, quoi qu'il s'y passe. C'est un peu ça la poésie existentielle ;
Évidemment, exposons les faits et les effets. C'est notre premier devoir, de voir.
Mais explorons aussi les affectivités qui vont déterminer la réactivité, la créativité nécessaire à nos prochaines actions.
Donc aujourd'hui, pour tenter de mettre en relief ces autres sujets sous-jacents de l'actualité qui nous concernent directement...la poésie.
Je vais vous raconter l'histoire du jour où j'ai rencontré la poésie québécoise pour la première fois...
cliquez sur l'image pour écouter la chronique

Dans le cadre du Mois de l'histoire des noirs, Émilie Perreault et son équipe m'ont invitée à discuter avec eux de la présence des cultures noires sur les plateformes médiatiques québécoises :
Well alright!
J'aime le sujet, surtout ses ramifications.
Parlons-nous...
Cliquez ICI pour écouter la deuxième partie de la chronique
Le 6 janvier dernier, à l'occasion de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs qui a eu lieu au Palais de l'Élysée, le président français Emmanuel Macron en a profité pour débuter son année diplomatique en insultant les dirigeants africains de certains pays ;
Après avoir insinué de façon clairement mensongère que l'initiative souveraine annoncée par ces pays de renvoyer hors de leurs frontières les armées françaises (présentes de manière continue depuis 1830 sur le continent ! Mais pourquoi ???) était commune et que la primauté de cette annonce était un geste de politesse de la part du gouvernement français, il poursuit cet affront en ajoutant ces injures à la longue liste d'insultes à laquelle nous sommes désormais habitués :
«J ’crois qu’on a oublié de nous dire merci. C’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme »
« Aucun de ces pays africains ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne c’était pas déployée dans cette région. »
Heureusement, les africains du continent comme ceux de toutes les diasporas ainsi que tous leurs descendants qui s'y intéressent savent désormais très bien lire entre les lignes du langage de l'impérialisme et possèdent tous les outils nécessaires pour connaître, transmettre et libérer l'histoire.
Celle qui nous est - encore ! Achetons, lisons les livres ! - accessible dans la littérature, celle qui relate des évidences, des faits exhaustifs et chronologiques racontés de façon nette et détaillée sur le temps long.
Laissons parler le temps, laissons parler les mots.
Ce livre, L'empire qui ne veut pas mourir, est selon moi le meilleur ouvrage du monde francophone écrit jusqu'à présent pour résumer et vulgariser l'histoire et les méfaits de la Françafrique.
Cliquez sur l'image pour écouter la chronique

Je nous souhaite à tous le discernement qu’il faut pour sourire encore face à l’évidence reconnue parmi tous les récits artificieux qui se disséminent.
Surtout celui qui voudrait, devant les souffrances infligées et les indifférences assumées, que l’on cède finalement au déni en croyant que l’amour n’est qu’un leurre.
Or, dans toute cette indéniable et incontournable histoire, c’est le propre de l’Homme, cet être doté de conscience, c’est même son rôle, lorsque plus rien ne fait de sens, d’ouvrir toutes les frontières entre la raison et l’instinct…
Et ce frontalier commun qui nous démarque, cet espace absolu entre nous, cet infiniment grand qui nous inclut tous, cet infiniment petit qui nous distingue tous, qui s’impose entre toutes les proximités et les unicités et qui nous retient de n’être qu’une multitude de big bang à recommencer à perpétuité, nous avons choisi de lui donner un nom ;
Pourquoi ? Parce que l’Amour.
L’amour, sinon l’aliénation !
Cette impulsion, cette force d’interaction à laquelle les mots ne suffisent pas pour se nommer, cette force qui m’attire mais peut aussi m’anéantir, elle appartient à la narration de l'amour.
L’amour est le premier et le dernier instinct de l’Homme.
Toutes ces émotions qu’on élabore et qui nous forgent à leur tour, tout ce que l’on ressent par choix sans même comprendre pourquoi remonte à l’amour ou aux manquements d’amour ou aux manquements de l’amour. Tout. Toute l’oeuvre que nous sommes.
Et le jour où nous ne ressentirons plus rien marquera notre fin.
Tout ce qui me meut pour ne pas que je meure appartient à la narration de l’amour.
L’amour est la première et la dernière raison de l’Homme.
Je nous souhaite à tous le discernement qu’il faut pour agir encore face à l’évidence reconnue au-delà de - et même parmi (!) - tous ces récits fatidiques qui nous divisent et nous nient :
Il n’y a aucun dilemme. Aucune frontière, que des interactions entre nous.
N’oublions pas que, comme tout ce qui naît, nous ne sommes ici que pour transmettre la vie, pour maintenir le temps et les cycles du vivant…qu’on le veuille ou non.
Alors bonne nouvelle année à tous.
Préservons-nous encore.
Ramenons-nous à nos instincts primaires, aimons-nous nous-mêmes puis revenons à la raison.
Je suis rentrée hier soir du tournage du prochain épisode (celui qui sera diffusé le 6 novembre prochain) de l’excellente émission “Une époque formidable”, animée par Stéphan Bureau à Télé-Québec.
On m’y a invitée, parmi d’autres, face à d’autres, pour défendre, encore une fois, les libertés de la langue française.
[…]
Je pose ici des points de suspensions pour vous permettre de souffler, d’inspirer, de prendre patience et conscience…de réceptionner tout ça avec moi.
Je suis désolée si je me répète encore sur ces questions là. Je ne fais que répondre aux invitations et aux propos, en toute constance. C'est que dans le script du monde, y'a tellement de volontés pognées qui ne se désinhibent et qui ne s'immortalisent que dans leurs redondances. Et “j'empathise” puisque nous nous donnons la réplique.
J'ai accepté l’appel avec grand plaisir, en mentionnant quand même que ce n’est pas sans malaise (j’ai l’habitude, depuis plus de 20 ans maintenant, de me faire prendre en souricière sur ce terrain), mais que je considdère que c'est mon devoir de le faire. Accepter l'appel, le dialogue.
Je n’entrerai pas dans le vif du sujet tout de suite, je vais vous laisser écouter le programme comme on dit lol
Or, en pré-entrevue, avant le procès-verbal, on m’a demandé quelles pourraient être selon moi les solutions pour contrer les fautes de ladite “insécurité linguistique” qui existe ici.
J’ai répondu que ce genre d’initiatives, qui permettent les discussions sans conflits, sans désir de s’évincer mais plutôt dans le but de trouver le commun, était le bon point d’ouverture vers une “entente”, vers tous les accords possibles de ce qui est déjà.
Alors allons-y …
C'était quand la dernière fois où j'ai participé à une émission de débat à la télé ?
Ouf ! Je m’y attendais mais…malgré tout, ça décontenance pas à peu près, ça se passe très vite, c’est condensé et donc à plusieurs intervenants, c’est piétinant af…
Heureusement, Stéphan est un maître de cérémonie hors pair qui guide très bien son navire et l’équipe qui nous reçoit est super accueillante et bienveillante. ♡
J'essaie de tout écouter, attentivement.
Le concept de l’émission est vraiment intéressant. Ça fait du bien de s’éloigner un tant soit peu de “l’entertainment” pour plonger dans les vrais enjeux de société.
Or, je constate rapidement - après qu'on m'ait déplacée d'un millimètre genre 20 fois pour mieux dissimuler les caméras puis demandé d'atteler en vain mes cheveux indociles qui piaffaient le micro - que ce sera très difficile de dire tout ce qui doit dans ce cadre, dans le show time, entre tous les sujets et les dramatiques qui se bousculent, tous les acteurs qui se promeuvent, tous les objets qui doivent se vendre, tous les punch lines…
Moi je n’ai rien à mettre à l’avant plan. J'chu pas là pour ça.
Le thème est dense et préoccupant. Je veux plonger dans ses détails et les mettre en page couverture.
Dire que nous ne sommes pas ses sujets mais son verbe. Et qu'il y a des humains qui l'éprouvent et qui n'ont pas le loisir de s'en harnacher pour se vendre !
(Grosse accolade en passant à Béatrice Rea, sociolinguiste invitée que je rencontre pour la première fois et avec qui j’ai eu de belles convos. On est sur la même longueur d'onde. Elle aussi n’était là que pour défendre la cause et elle connaît sa matière en profondeur ! )
Je me recentre sur ce pourquoi je suis là ;
Parce que je fais partie de ceux qu’on pointe du doigt quand on cherche les coupables de la décadence. Je suis avec eux dans les écoles où on teste, où on expérimente, où on apprend qui on est, dans les quartiers de l’immigration qui se redécouvrent en nous, sur les scènes du Hip Hop et du Rap qui déchaînent la parole, dans tous ces médiums qui nous racontent au présent et qui essaient de dire à haute voix toute la brillance que nous avons à offrir (et qui d'ailleurs captive le reste du monde !) mais qui se tait trop souvent en son propre pays, devant les bras croisés qui préfèrent accuser les mauvais usages du vocabulaire oral ou écrit plutôt que de s'entendre parler à tous les temps.
Quel dommage…
Le vrai dommage de notre langue. On endommage ceux qui la parlent franchement, qui la portent au quotidien ! Qui ne font pas que la marchander mais qui la résident ! La langue maternelle, la langue familiale, la langue de la jeunesse, celle du peuple !
C’était déjà elle qui prenait sa place et créolisait le Latin du vicus, ce Latin qui n’est pas celui de Cicéron ou de Virgile mais celui de la plèbe !
C’était elle qu’on entendait dans nos rues et qui se faisait railler par la cour, l’administratif, les Pléiades, l’Académique intellectuel puis le Conservatoire et les Monologues du p’tit monde, le vocabulaire théâtral du télé-radio-diffusé déphasé…
Shiishhh! Heureusement qu’elle est restée debout ! Qu'elle est restée populaire ! Car elle aurait pu s'éteindre sous ces contentions ! Oublier de vivre, de s'étendre, prise dans ces fixations ! Car c’est elle qui pour nous parle vrai aujourd’hui et c'est elle que le monde entier écoute avec attention parce que dans son choc des patois, dans son slang, tous les slangs se reconnaissent !
Parce que les soit-disant “erreurs d'hier font les normes de demain ! ” comme le dit Alain Rey. Parce qu'aujourd'hui, on dit «fromage» et non «formage» comme avant, comme on le dit encore en Italie ou en Algérie. Parce qu'il chapeaute bien son prononcé mais qu'en fait on s'en bât de cet accent circonflexe qui a mis 200 ans à être validé par l'Académie qui le trouvait prétentieux ! Parce que le fameux « sera-t-il, ira-t-elle... » du bien parlé français fut d'abord reviré d'bord dans sa tournure d'origine germanique !
Parce que les règles nous passent au-dessus d'la tchass et que les mots «patnè, feel ou love », gros, sont compris aujourd'hui dans toute la francophonie vu qu'on connaît les bayes comme toute la tchache et les accents de la hess dans tous les bleds et les bandos de la terre, frère ! On connaît ! On s'reconnaît...
Je ne sais pas comment sera présenté l’edit de l’émission et de la discussion. Mais à un moment donné, prise de vertige, j’ai juste essayé de trouver les rares fentes qui nervuraient le tourbillon de la doxa pour ponctuer l’essentiel dans les faits, pour rééquilibrer l’objet par les deux bouts ;
D’abord, dire que quiconque connait vraiment l’histoire de la langue française sait très bien qu’elle est née avec ses complexes et son insécurité et que l’alarme qui l’accompagne depuis toujours n’est que symbolique.
Loin d’être sur le point de disparaître, elle est encore dominante (et dominée ! Et c'est là qu'on doit se réveiller !) sur le plan géo-politique, centre d’intérêt sur le plan culturo-économique. Le monde entier la salue, surtout ici au Québec alors qu’elle se présente comme à l’origine, résistante et indomptable ! Alors qu’elle se vit dans ce qui a été présenté comme la beauté de cet « universel dans tous ses particuliers » lors du XIXe sommet à Villers-Cotterêts y'a deux semaines.
«Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » nous ont-ils répété au nom des Lumières. Même les papelardises disent vrai parfois, quand l'évidence est claire.
Apprenons l’histoire de la langue française, mettons cette lumière dessus et on verra comme on va l’applaudir plutôt que la renier.
Ensuite, dire que le meilleur cheval de bataille pour porter sur son dos toute cette histoire, celle qui fut comme celle qui est et qui sera, ça reste, depuis les pseudos langues indo-européennes, l’art et la culture ! La langue qui parle de nous et pour nous dans nos chansons, dans nos livres...nos rencontres !
Il faut apprendre à se lire ! Car qui sait se lire se délie, qui se sait unique s'unit et qui sait se dire n'oublie pas que toujours à lui-même il se dédie.
Les paroles s'envolent dans les cieux de l'écrit !
Car les langues qui disparaissent sont celles qui ne s’écrivent et ne se lisent plus, qui se déracinent et perdent leurs fondements. Alors que celles qui gagnent en vitalité sont celles qui se racontent sans freins, qui se partagent et se disent avec le monde, avec les mots du monde à l’ère de la mondialisation ! Celles qui se plaisent, se reconnaissent, se renforcent à recevoir les autres avec qui tout le marché, tout ce qui a été marché - appelle ça comme tu veux - toute l’économie, l’écologie, l’éco-logos se consolide !
On n’arrêtera pas le progrès. Et il faut l’entendre se raconter en français. C’est de toutes beautés.