J'ai reçu un appel de La Presse y'a une coup' de semaines :
« Inquiétez-vous pas, on ne vous appelle pas pour vous demander votre avis raccourci sur un quelconque sujet. On a un projet à vous proposer ! »
Deux semaines plus tard, me voilà membre du nouveau quatuor de chroniqueurs invités par La Presse qui écrira un texte à chaque dimanche.
Et c'est carte blanche dans la forme comme dans le fond !
C'est un honneur et un plaisir.
On va bousculer les standards et faire connaissance !
Ça commence maintenant. Mon premier texte est publié aujourd'hui et vous pouvez le lire ici : À quoi je vais servir ?
20 février 2013
Ce matin, elle ne s’est pas maquillée. Elle a enfilé un jean et un hoodie pour aller déjeuner avec une vieille copine qu’elle n’a pas vue depuis longtemps.
Elle se rend au comptoir du p’tit resto pour payer sa facture.
La fille à la caisse freeze… figée pendant plusieurs longues secondes.
Son portefeuille à la main, elle attend que ça se remette à tourner. Elle comprend qu’elle vient encore de se faire reconnaître.
Toi, tu te dis peut-être : « Wow…Ça doit être trop cool d’être connu ! »
Elle, elle se dit qu’elle ne pourrait jamais être une star. Qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour supporter la mascarade de la solitude d’être mise dans une case à part.
Elle pour qui le métier est d’appartenir ! De créer des contacts, des rapprochements avec des gens qui s’entendent au moins tous sur une chose : ils l’aiment.
Quel feeling magistral ! Orchestral !
Mais offrir le condensé de soi-même à aimer, ça peut faire mal en maudit, presqu’autant que le pouvoir et la haine, quand tu te retrouves seule, en lambeau, diluée dans le réel devant l’ensemble de tous tes morceaux.
Quand les lumières s’éteignent, que le soleil se rallume, elle redevient mi-connue, mi-étrangère et tous ceux qui la reconnaissent se retrouvent dans l’interstice.
Il faut comprendre pourquoi ceux qui demeurent dans des cases à part se tiennent entre eux…
Moi, je tiens à demeurer populaire.
23 février 2013
Ce moment où (et c’est à chacun son portail, sa dérive ou son escorte) tu t’introduis malgré toi et malgré ta résistance dans ton subconscient...et te rends conte de la vraie amplitude de ton stress et de chacune de ses tentacules…
« Quoi ? J’pensais que j’étais relaxe et cool, moi là… »
Freak!
Surtout si t’as des invités chez toi ! Parce que tu ne veux certainement pas qu’ils te suivent là où tu es ! Alors tu dois passer ta soirée à enjamber deux mondes à la fois pour partir tout en restant avec eux dans ce qui te semble soudainement être une agaçante banalité transitoire…
Et eux ? Les invités ?
Sont-ils, eux aussi, en train de faire des allers-retours secrets derrière leurs masques de smart ass souriants et leurs interminables jokes plates qui depuis quelques années maintenant ont suppléé ce qui s’appelait autrefois converser ?
Shit…On intensifie ou on fade out ?
Et l'alcool cool à flot ! On ne touche pas le fond… La vérité dans le vain !
Et on zigzague autour du pot, autour des potes en dents de scie, côté cours, côté jardin...
On enfume la pièce !
C’est peut-être pour ça que les plus vieux demandent presque toujours un café quand toi tu t’verses un autre verre de vin ou même de scotch…
Hey ! J’remarque que j'bois pu d’bière, moi !
Autre signe, je suppose, de la jeunesse qui s’altère.
Fuck, j’espère qu’elle n’ira pas jusqu’à disparaître totalement...
p.s. À ceux parmi mes chums qui font les allers venues avec moi, sans s'en cacher, que ce soit les miens ou les vôtres, j’vous adore ! Vous n’êtes pas nombreux mais vous êtes les meilleurs. J’suis chanceuse de vous avoir parce que c’est tout ce qu’il faut pour garder les pieds sur terre.
Dimanche, 10 Mars 2013 19:00
J’constate qu’il n’y a plus d’intérêts pour les grandes histoires détaillées, prenantes et profondes, comme il n’y en a plus pour le livre, l’objet mythique, le feeling de la couverture que tu fais plier dans tes mains, l’odeur de l’encre amarrée au papier, de l’univers marginal qu’on transporte avec soi partout, du métro à la salle d’attente à la chambre à coucher à la toilette…
Désormais, voilà comment on parcourt une page : s’il faut scroller down plus que deux fois sans que rien ne te raccroche à l’élément déclencheur, c’est que la chute est trop longue. On passe à un autre appel.
L’urgence de dire a pris le dessus sur le développement des idées. Les proverbes vaudevillesques sur la pensée. Et l’expérience se résume en anecdotes triviales.
Ça fait que même moi, qui adore les mots et qui parle trop longtemps quand on m’donne un mic (même entre mes chansons sur un stage) j’en viens souvent à faire taire mes pensées, comme on chicane un gamin qui chiale au supermarché pour des bonbons quand on compte la commande à la caisse...