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je te dirai ce qui nous lie
19-04-25

Le chauffeur de taxi allume la game de soccer sur son téléphone.
C’est qu’il vient de se rendre compte que si je l’entends me parler, je ne l’écoute pas vraiment. 

J’essaie de voir si j’peux discerner les équipes sur le terrain, question de me rattraper pis de trouver de quoi relancer sa tentative de convo… Rien à faire, j’vois rien, j’y connais rien non plus pis sincèrement, j’arrive pas à m’y intéresser. Alors vag.
Ça me désole profondément. 
Pour lui, parce qu’il a fait l’effort et c’était pas obligé. Et je l’ai vraiment ressenti comme une tentative de connexion, de simple humanisme de base, converser…

  


Aparté

  • Aussitôt qu’on est au moins deux à converser ensemble, c’est qu’on est au moins trois à échanger ;
    Il y a le propos de l’autre, il y a le nôtre puis il y a cette voix qui parle incessamment dans notre tête. 

  • Quand on est deux à converser ensemble et que l’action se passe en haute définition, c’est qu’on est au moins quatre à échanger; 
    Y’a le propos de l’autre, le nôtre, cette voix connue dans notre tête puis cette autre voix nouvelle, celle dans notre tête qui nous vient de l’autre.

  • Quand l’action se déroule en très haute définition et qu’elle touche l’inatteignable, c’est qu’on vient de découvrir l’espace où réside une multitude de voix illimitées.
    À deux, on est au moins cinq à échanger ;
    Y’a le propos de l’autre, le nôtre, notre voix dans notre tête, la voix de l’hôte dans notre tête et toutes les voix que l’autre entend dans sa propre tête… 
 


Définitions et haute-définition
*En bleu, la voix de l’hôte, en très haute définition

Converser comme dans 
1. Conversation : 
A.− Échanger des propos, sur un ton familier.
B.− Relations diplomatiques, échanges culturels entre des pays.
C.− LITTÉRATURE
1)Converser avec soi-même, intérieurement. Méditer. 
2) P. anal. Lecture, fréquentation des livres.

Converser comme dans 
2. Conversion : 
A.− Changement du sens d'un mouvement en cours.

« Conversons... Peu importe ce que tu vis en ce moment, ce vécu, je vais le dérooter. »


B.− Changement, transformation d'un objet dans sa nature ou sa fonction.

− ÉLECTR. ,,Transformation de l'énergie électrique reçue sous une certaine forme de courant en énergie fournie sous une autre forme de courant`` (Siz. 1968).

« C’est ce que tu me dis - ou ce que tu ne me dis pas - qui inspire les mots avec lesquels je t’aborde. Et en les écoutant, oui, tu me reçois moi mais tu te reçois toi aussi, sous une forme altérée par ma contribution. »

− ÉLECTRON. Transformation de la haute fréquence d'un signal en une fréquence moyenne plus facilement amplifiable. 

« Va falloir se calmer pour s’entendre.
Tu verras, tu vas crier moins fort dans ta tête. Et l’intention de tes voix sera plus perceptible, dans toutes ses dimensions. Elle se présentera en très haute définition. »

− ÉN. NUCL. ,,Production, à partir d'une substance « fertile », d'une substance fissile 

« Bon. Je sais bien que tu es centrée, que tu es noyau, que tu es semence mais… 
Toute femme qui se dépasse devra ensemencer sa cime. 
Tout homme qui chante sa liberté a dû se “terre” à Sing Sing 
Tous les crimes sont des mimes 
Et tous les mimes sont des hymnes.
L’ouverture de la pierre, l’obscur de la mine, l’aperture de la rime…
Laisse toi me voir dans mon regard, même sous les coups de la haine
Je sais qu’elle te totem mais ne te cache pas sous ta couenne
As-tu déjà écouté “ l’Anthem ” de Cohen ?

«Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack, a crack in everything
That’s how the light gets in.»  


− Conversion de monnaie. Échange de monnaie contre d'autre monnaie ou contre de l’or.

« Or, si c’est le silence qu’il te faut, alors c’est le silence que je te dois. »


Ainsi parlait la Poésie…

Fin de l’aparté


[…] Et je l’ai vraiment ressenti comme une tentative de connexion, de simple humanisme de base, comme le verbe conversé…interrompu par mon absence, mon silence. 

J’en était désolée pour moi aussi. 
C’est pas dans mes habitudes de m’abstraire. 
Je dirais même que c’est dans mes qualités profondes et manifestes d’être d’ordinaire très attentive. C’est pour ça qu’on apprécie ma présence !

Mais là, la tête tournée vers l’infini trop plein qui rappelle le néant, j’avais l’esprit occupé que seul le défilement du paysage pouvait soutenir dans mes yeux.





Ce matin, j’ai quitté la maison à l’avance puisqu’on m’avait avertie.
Je roule lentement vers l’autoroute en essayant de faire fi de la voiture des policiers qui clairement vérifient mes infos à partir de ma plaque. Fait chier…
À chaque fois que j’les vois ceux-là, j’me demande si j’suis legit. Comme une enfance bousculée qui dans toute son innocence se retient de se déchaîner devant l’austérité parentale de l’hégémonie des gènes. 
Les cops opèrent aussi la nature humaine. Je ne dois pas oublier qu’ils ne me sont pas étrangers.

So, j’sais pas si je le suis, legit
Mais surtout, je ne sais pas si eux le sont ! 
Ce ne sera certainement pas la première fois que je me ferai contrôler par les cops, pour rien. Parce que profil trop haut ou trop bas ou trop à l’aise… je n’sais plus. 
Bref, j’apprends le stoïcisme. Cette même ruse qui toise la rigwaz
C’est pas par hasard qu’il fut un temps ou l’un de mes blases était Zena.
Clin d’oeil à Zenon, à Marguerite Yourcenar et à l’Oeuvre au noir…

Mon pouls s’accélère. 
Ils allument leurs gyrophares. Fuck. 
J’fais semblant de n’pas les voir.
Après les 3 secondes au stop, faut qu’la machine suive le rythme! Awèye dans l’tapis pis j’invoque tous les sains, qu’ils ne me transmettent pas leurs idées de folies, leurs bas instincts.

La popo accélère à son tour…
Bang ! 
À peine a-t-elle embrayé que… quoi ? Qu’une gang de dindes sauvages traverse la rue, direct entre mon postérieur et le bumper avant de la popo !  Elles devaient être 5 ou 6 ! WTF! 
J’ai continué tout droit jusqu’à l’entrée de l’autoroute où j’arrivais, le regard dans l’rétro. Tchuip. J’ai pu l’âge pour ces bêtises.

Je n’ai eu le temps d’entendre que le cri des pneus sous les lumières rouges et bleues…et le silence d’un souffle coupé. 
Oh god… Ce corps qui culbute dans les airs…et toute sa fratrie qui s'affole…
J’ai fait tout le reste du chemin envahie par la culpabilité et par l’intemporel de cette image en boucle, cet oiseau imposant qui venait de donner sa vie pour que j’arrive à l’heure, sans être décalée par les braconniers. Merci. Je suis tellement désolée… 

Alors, la désolation. 
C’est pour ça que j’arrive avec elle, la tête embouteillée par tout ce désordre, au 1000 avenue Papineau.



Tout le quadrilatère est encerclé par les forces de l’ordre.
C’est le débat des chefs ce soir ! 
Je ne sais pas quelle définition ce débat, cette conversation va prendre mais avant même qu’elle ne débute, elle me rebute déjà.
On l’sait que ce n’est pas le verbe ici qui est défendu ! Le ton avec lequel on me reçoit à la porte me le rappelle bien…que la division est au poste. 

Et le fruit ne tombe jamais bien loin de l’arbre à c’qu’on dit. 
Tous ces descendants de la pseudo-démocratie n’ont même plus à apprendre comment se singer eux-mêmes.
Autre superbe phrase de Nietzsche dans ma tête :
« J’ai cherché des grands hommes mais je n’ai toujours trouvé que les singes de leur idéal.»

40 minutes à l’avance, je suis arrivée.
On m’avait bien avertie.
Aucun stationnement de dispo dans le quartier. 
J’essaie de laisser ma voiture sur une rue plus écartée mais je suis coincée dans le bouchon de circulation, bien évidemment. Et l’heure à laquelle on m’a convoquée pour l’émission de radio est à veille de popper sur l’écran ! J’peux absolument pas être en retard. Je n’ai jamais été en retard. On n’arrive pas en retard sur les ondes de Radio-Canada. Surtout pas quand on t’invite à te raconter ! Surtout pas quand tu dois converser au micro avec l’éminente Nicole Brossard ! 
OK, pas l’choix. J’embarque le char su’l trottoir devant l’entrée pis let’s go. On va gérer ça après. 

Direct dans les toilettes. J’avais tellement envie de pisser ! Deux heures de route, le café plus le stress…
Dès que j’en sors, le photographe m’accoste pour prendre la photo pour la page de l’émission.
Ah man! C’est sans répit ! J’me suis tu regardé la face dans l’miroir avant d’sortir dans l’accueil ? M’en souviens même plus ! 
Tsé comment c’est aujourd’hui. C’est “ montre-moi ton reflet et tu m’auras tout dit de toi ”.
C’est ton images qui cache ou révèle tes mille maux !

On s’accolade, on se small talk. J’enlève mon manteau, m’installe devant la fenêtre de la caf - seul espace où y’a un peu de lumière pis pas trop de gardiens de sécu - et j’essaie d’avoir l’air normal sur la pic. 
Dude, me suis pas regardée, va falloir que j’te trust ; ma face est tu correct ?
On l’sait bien, la moindre idée de devoir avoir l’air correct se transforme automatiquement en grimace. Putain…

Ah pis fuck that. “Cheese”, click click, on enchaîne. 
Tchuip. Ki te mele m?  Rendue là, tu m’connais, c’est all in sur le contenu.
Kèt, dire que j’étais en train de m’oublier… 

Alors j’entre dans le studio avec toutes mes aises.
À l’aise dans ma peau, tu connais déjà la sape.
Et j’parle pas de sapo, j’te parle de la sapiens, de ma sapio-logie. ;)
Ouais, j’me permets.

Je sais très bien qui je suis quand j’arrive au micro. 

Ça fait des années que je collabore à Radio-Canada et je n’avais pas encore mis les pieds dans ce studio là. 
Fait que y’a ça qui capte mon attention pour queck secondes, l’éclairage, les murs, l’équipe… 
J’vois Karyne, super relaxe, lumineuse, souriante…la vibe est bonne, l’entrevue va être smooth. 
J’vois Mme Brossard. 
Skip a beat. 
Tout son parcours de géante tourbillonne dans mes pensées et mon admiration. Quel bonheur. Quelle chance que j’ai que mon métier m’honore à ce point et qu’il fasse mon bonheur. 
Nicole Brossard ? Serge Legagneur et Anthony Phelps m’en avaient parlé ! C’est plus de 50 ans d’être et d’agirs qui façonnent le Québec et qui façonnent la femme, résumés en cette femme ! C’est aussi comme elle que je tends vers l’être.
Et dans un instant, on l’invitera à s’asseoir à mes côtés, pour se raconter et me rencontrer. Ouf… j’vois venir un autre souvenir marquant de mon futur.

L’émission commence. C’est encore sans répit.
J’ai même pas l’temps de méditer, de reprendre mon souffle. C’est parti. Indicatif…présent. 
Dans ma tête, ouais, y’a le chaos.
Mais autour de moi, y’a la vie à prolonger…qui s’acharne, qui vacarme elle aussi. Et puis y’a moi, en plein coeur.
Je vais devoir faire silence pour l’entendre et tranquillement me carguer dedans.

***

Je ne suis pas du tout “ancrée”.
Dernièrement, j’ai passé plus de temps le pinceau entre les doigts que le corps submergé dans la peinture.
So, la toile fait des vagues, me voile, m’avale… 
Je ne sais plus si le cadre, je suis venue pour l’échancrer
Ou si attablée devant l’tableau je le rends fade. 
J’espère que c’est devant moi que je me présente, seule
Drapée d’un linceul 
Cherchant à attraper des morceaux de temps au lasso 
Tremper la queue de la martre jusqu’à la main dans la blessure 
Couverte de fourrure que le renard très sur de lui me vendit en me disant que j’lui fais penser à Marjo 
C’est barje, je sais mais que veux-tu ?

Je suis la page, la plume, la plage, je suis l’oiseau
Je suis la marge, je suis l’amère… le ciel et le cageot 
Même quand on ne parle pas d’fric, scintille dans la pièce l’illusion 
Le geôlier roule et enjôle l’Afrique, la tête du lion sur la Peugeot !
Non ?

Ma vie est une étude qui me prépare à chaque instant 
À chaque instant, c’est les J.O.
Les drapeaux tombent en désuétude
Sous ma peau, je me secoue à mon secours
Je vois ciller tous les âges, tous les adages, toutes les sciences ici-bas…d’or revêtus 
Ci-gît l’amour à la radio.
Quittant le joug de l’inquiétude, je m’en remets au clair-obscur, 
Je me dénude
Que mon silence me joue, adagio.


Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé durant cette entrevue.
Quelques éclats de pensées, quelques bribes de lumière, un océan de mystère.
J’laisse la barre du vaisseau à Karyne parce qu’elle drive comme si elle était née pour ça, pour contourner les rochers, briser la glace, garder le cap, protéger la proue et la poupe, dégager les ponts…mais aussi les hublots et les ancres passagères. 
Ça flow. 
Parfois ça plane même et soudain ça sous-marine. 
Et c’est pas un manège, c’t’un trip ! C’pas du p’tit buzz d’adrénaline, c’est la grille sans ligne. Get a grip and lean!
Aussitôt tu t’sens tomber, aussitôt tu t’laisses aller... 


Assise dans l’taxi pour rentrer (parce que mon char s’est fait remorquer par la popo), j’espère ne pas avoir été trop nulle. 
Nulle comme distraite, nulle comme chavirée et engloutie sous ma propre architecture, nulle comme assourdie par trop de voix dans ma tête qui débattent au lieu de converser, nulle comme je le suis en ce moment avec le chauffeur. 

Je l’entends pourtant ! J’entends qu’il vient de l’Algérie de la guerre, j’entends qu’il galère, j’entends toutes les années de son intégration ici, comme autant de sillons dans le tronc d’un arbre, laminées puis traversées par les rêves du retour au pays natal.
Je l’entends très fort en écrivant ce texte. Sa gentillesse, sa patience, tous les conseils qu’il m’a donnés et le courage qu’il m’a partagé. 

J’espère qu’il fait partie des rares qui savent que l’écoute aussi est intemporelle, qu’elle aussi peut se recevoir par mise à feu retardée quand elle converse parmi ses voix qui font leur chemin dans la tête et viennent se kage dans le coeur, dans le avant de prendre leur envol sur le quai.

Quand je t’ai dit merci dix fois devant chez moi, en te donnant un gros pourboire, ces pièces d’illusions, j’aurais dû te demander ton nom et te serrer la main. Désolée pour cet écart. 
Mais sache que je t’écoute. 
Sache que le remorquage de mon char ne m’a rien coûté finalement ! Et que oui, l’émission, quoi que je ne l’ai pas encore écoutée, je sais qu’elle a bien été. Tout comme tu iras bien. 
Nous irons bien. 
Merci pour ton accueil…et pour notre poésie. 



Comment peut-on s’absenter autant de son présent ?
Depuis que je suis rentrée chez moi, je revois Nicole Brossard.
Premier regard, je l’ai reconnue. Son authenticité, son calme, ce mouvement dans son corps et dans son âme qu’elle déploie encore. Tout ce qu’elle a fait et que je tente de faire aussi. 
Le phare qui montre le jour a tant de possibilités ! 
Merci de tout coeur à toutes les Nicole Brossard de ce monde.

Elle s’est assise patiemment en régie pour m’écouter.
Puis en son temps, elle est venue se camper à côté de moi, devant le micro, son micro, qu’elle ne m’a jamais enlevé.
Devant elle, beaucoup de feuilles éparses mais ordonnées. 
Elle est venue préparée, avec intention mais sans désir d’occupation. Elle l’a dit elle-même, elle n’aurait pas pu supporter le poids d’une profession qui ne porte qu’un nom !
Je suis d’accord avec elle. C’est vrai que souvent, la fonction anonyme et plurielle se distingue encore mieux que les rôles, que les badges, que les médailles et les trophées, que les idoles et les gourous, les serf et les rois, que les identités figées qu’on brandit à chaque poignée de main…en comptant ce que l’on doit et ce que l’on reçoit. 

« J’ai lu à votre sujet ; Vous avez oeuvré ! Vous avez fait beaucoup de choses, dans tant de domaines !
Vous nommez même ce que vous sentez qu’il nous reste encore à faire ! Bravo ! C’est magnifique !

– Ah ouais ? Oh wow ben merci ! Venant de vous… 
Mais vous aussi ! Vous même ! Vous d’abord ! Et tout ce que vous faites encore ! Quelle inspiration…
On n’a pas l’choix, n’est-ce pas ? On se démultiplie ! »

Lol !

Aparté :

Définition de démultiplier dans le Robert : 

1. Réduire la vitesse de (un mouvement transmis).
2. Augmenter l'effet de (qqch.) en multipliant les moyens employés.




Slow down baby...

Une fois, dans une autre entrevue, je disais que je découvrais petit à petit mon omniprésence ;
Y m’ont pas suivi, y’ont édité c’te boutte là. Oh well…
Que veux-tu… 


Fin de l’aparté

Cette femme est une grande femme, un monument en mouvement dans son omniprésence, dans sa part de la sapience. 
J’vais pas faire semblant ; une fois l’micro fermé et les héros déchus puis rhabillés, une fois qu’on avait quitté nos deux chaises, qu’on entendait le retour de nos voix sans oreillettes, qu’on était seules à regarder ensemble des archives du Perchoir d’Haïti, à prendre l’ascenseur pour redescendre ensemble converser à la sortie de l’atrium, il fallait que je suive la force de ses yeux pour arriver à soutenir son regard. 

Et franchement, ça ne m’arrive pas souvent, j’vois pas ça souvent ! La très haute définition ! La noblesse sans vanité. Briller sans éblouir. Prendre sa place sans faire de tâches au soleil, sans faire de l’ombre à son ombre. 

La présence et la sincérité sont presque synonymes. 
Une chose est sûre, c’est qu’elles sont soeurs. Et que nul ne pourrait les soumettre à la censure, sinon elles-mêmes.
Elles le sont quand les mots n’envahissent pas le silence et que leur poésie commune, entre elles, prend vie à petit feu. 
Il faut que la présence se taise pour s’écouter, se rencontrer, pour s’entêter contre l’indifférence et les amours-propres qui rivalisent le néant, pour se laisser aller et pour se donner suite. 

J’lui ai même pas demandé de futur ! J’lui ai même pas demandé de photo !
All good… Il y a déjà là tout ce qui se veut, tout ce qu'il faut… 

« Avez-vous déjà publié ?

  – Non. J’ai beaucoup écrit, dans des livres collaboratifs, des journaux, des magazines, des études scientifiques, des blogues…
     J’ai beaucoup écrit pour les autres, dans les oeuvres, les besoins des autres. 

     Mais je n’ai jamais pu m’écrire pour moi et me publier, autrice de moi-même, de ma propre histoire.  

  – Jamais ? Vous devriez ! Et j’ai hâte de vous lire. Je crois qu’il est temps. »

Ouf… J’ai juste dit merci. Hasta luego.
Je sais qu’on s’reverra. 
Let go...

Devant le 1000 avenue Papineau, on est parties, chacune dans la suite de sa vie, chacune dans son propre taxi.

Je suis sur la banquette arrière
Je suis au volant du taxi.
Je suis bully de mon récit, Boolie de mes hiers… 
And I’m driving Miss Daisy


Ce sera un moment qui me rappellera 
Que je me rencontre encore à l’orée de moi
Et qu’alors je ferme les yeux en silence 
Pour me relayer
Dans la nuit ensoleillée
Sous une nuée de poésie.


J.Ny Salgado

 

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