
Stéphane Garneau et son équipe m'ont invitée pour partager avec eux et avec vous ce dont j'ai envie, sur un pays qui porte une grande signification pour moi, dans ma vie et dans ma carrière. Évidemment que je vais vous parler d'Haïti ! Le pays de mes parents, mes grands-parents, de mes anciens, de tous mes combats comme de toutes mes célébrations, de mon identité personnelle et collective, du son, des mélodies, des rythmes qui m'habitent et qui m'appellent, le pays de ma persistance et de ma pérennité, le pays de mon histoire et surtout, de notre histoire à tous.
Celle qui ne nous est jamais racontée.
La seule requête qui m'accueille et me ceint à mon arrivée devant le micro : « Ne parlons pas des crises, parlons d'autre chose, restons dans le léger »
Vous comprenez que ce n'est pas sans un certain malaise et ce n'est pas dénuée de conscience que j'accepte de parler en ce moment d'Haïti dans un cadre de légèreté qui pourrait être dissonante pour ne pas dire sournoise ou hypocrite. Mais c'est mon désir et mon devoir de justement profiter de ce temps d'antenne concis pour mettre la lumière sur le vrai Haïti. L'Haïti de Dessaline, des Taïnos, des Bosals, des empires africains... L'Haïti du 14 août 1791, celui des marrons, des Moun Mòn, des paysans !
L'Haïti de mon enfance aussi, l'Haïti qui a bercé mes inspirations, où j'ai été aimée par une grande famille nombreuse, par tout un quartier, tout un village, tout une nation qui m'a transmis l'art de joindre l'être et le devenir, l'avoir et le savoir, la lutte et ses cérémonies, l'individu et son humanité.
Honneur et respect.
J'ai tout juste le temps de vous pointer la lumière. Prenez tous ces mots, ces noms, ces dates que je dissémine et allez les rechercher en profondeur.
Bonne écoute...
Bon 234e anniversaire de la Cérémonie du Bois Caïman à tous les haïtiens et à tous les peuples résistants de la terre.
Cette insurrection est encore en cours puisque tant que toutes les nations de ce monde ne seront pas libres et égales... 🔥
Let's go party people. Avanse Avanse !
Et mes hommages aux victimes de La Saline, de Delma 6, Delma 8, de Croix-des-Bouquets, de Cité Soleil, de Port-aux-Prince...
Pour vous, les chandelles sont allumées.
Le chauffeur de taxi allume la game de soccer sur son téléphone.
C’est qu’il vient de se rendre compte que si je l’entends me parler, je ne l’écoute pas vraiment.
J’essaie de voir si j’peux discerner les équipes sur le terrain, question de me rattraper pis de trouver de quoi relancer sa tentative de convo… Rien à faire, j’vois rien, j’y connais rien non plus pis sincèrement, j’arrive pas à m’y intéresser. Alors vag.
Ça me désole profondément.
Pour lui, parce qu’il a fait l’effort et c’était pas obligé. Et je l’ai vraiment ressenti comme une tentative de connexion, de simple humanisme de base, converser…
Est-ce que j’ai fait la paix avec toi ? Avec c’que tu as fait ?
La paix entre mes conclusions et la tienne ? J’suis encore scindée en deux…
Je l’sais même pas si c’est right de ma part d’entrer dans ton trip. Dans ton symbolisme auquel, je l’avoue, j’ai souvent ajouté les mots « à la con ». Mais quelques secondes après avoir pensé ça, j’me dis « damn right ».
Je respecte tout de toi. Jusqu’au bout. Même ton allégorie du chiffre 2 que tu nous as estampé dans l’coeur pis dans l’crâne au faîte de ton envol, de ta chute.
J’ai passé la journée avec les boys aujourd’hui. :)
On a été invités, pour être honorés, à célébrer le temps et tout ce qu’on lui a donné puis laissé. Toute la signifiance du moment présent en fait !
On a donc embrassé plusieurs instants où on pensait ensemble à toi. Je n’ai pas eu à le faire seule. On n’a pas trouvé ça étrange du tout. On est habitués de sentir ta présence aux moments opportuns. On apprécie ces clins d’oeil de la vie que tu nous fais.
Mais maintenant que je suis rentrée seule à la maison, je requestionne la vue d’ensemble.
Célébrer la signifiance du présent qui cumule toute une vie ?
Combien de fois m’as-tu dis que tu ne trouvais pas ta signifiance ? Que malgré tous tes efforts, tu ne comprenais pas ta vie ?
Après toutes ces années, je ne sais toujours pas si c’est normal qu’encore, je cherche le moment du fil de ton intrigue où moi, j’aurais pu intervenir et tout changer pour toi.
Je repasse en boucle toutes nos discussions mais surtout la dernière juste avant que tu partes. Ton dernier texto aussi, celui que je n’ai toujours pas effacé de mon cell… ben voilà. Lui aussi il m’a percée jusqu’à mon cellulaire.
Right now, c’est plus le fait que tu sois parti qui me déchire. C’est le fait que tu sois parti seul, sans nous dire au revoir, ni où tu t’en allais.
Je ne sais pas si les gens qui me lisent comprennent c’que j’veux dire.
Partir seul. L’ultime solitude. Le vide plus assoiffé que l’amour. L’exil qui ne te promet rien, rien d’autre que l’interruption.
Me l’as-tu dis que t’étais rendu là ? Est-ce que pour toi, j’ai rempli le vide plus que l’amour ?
Est-ce que ça m’arrive de m’ajouter au vide ? Plus qu’à l’amour ?
J’me repose la question avant de poster ça.
J’le fais pour qui ? Pourquoi ?
Si c’est pas juste d’l’amour, pur et net, j’le post pas…
Encore une fois, pas bizarre du tout, ce soir y’a un docu qui joue à Télé Québec.
Qui raconte l’histoire d’un homme qui est parti tout comme toi mais aussi celle de sa gang de chums, de ceux qui restent. Même pas en suspend mais en chute libre.
So j’plonge deep dans la réflexion, la méditation, avec eux, avec toi.
Ça m’fait du bien...
Love you bro. You already know. You already knew. Pis moi je l’sais maintenant.
C’est l’foutu vide ! Faudra qu’on inonde d’amour tout ce vide !
Pis qu’on apprenne à se parler vraiment, s’écouter vraiment et demander de l’aide, pour soi comme pour les autres.
Alors pour moi, d’abord.
Pour toi, bien sûr.
Mais surtout pour tous ceux qui restent…
Post.
1-866-APPELLE

est une nouvelle émission très intéressante qui joue cet été, le samedi à 15h à Ici Première, sur les ondes de Radio-Canada.
Elle est animée par Catherine Perrin et réalisée par Diane Maheux.
L'émission se penche sur la musique engagée qui a jalonné l'histoire, sur ses signifiances ainsi que sur les artistes et leurs démarches qui ont permis l'élan, l'éloquence et le manifeste de chacune de ces pièces influentes.
Autrement dit, on retourne au soul et à l'essence de la création musicale.
Conséquemment, j'ai été invitée à collaborer à l'émission de ce samedi 3 juillet pour parler de mes compositions personnelles mais aussi de celles qui nous ont tous inspirés lorsqu'on suit les sentiers des mouvements de défense des droits civiques.
Comme on dit chez nous, honneur, respect...
Écoutez l'émission ICI , aujourd'dui, samedi 3 juillet 2021 à 15h.
Pour moi, ce qu'il est important de noter quand on parle de l'histoire des droits civiques des afro-américains, c'est que ce mouvement ne peut pas être borné par une date de début et une date de fin, par ces chiffres totems qui viennent délimiter une paix symbolique qui n'est encore enracinée ni dans son perdurable et ni même dans son originel.
Tout comme on ne peut non plus la cantonner derrière des frontières allégoriques où certains aiment bien s'enfouir la raison pour se convaincre que “ tout ça ne se passe pas ici, chez nous ! ” Car aussitôt que furent imposées les hiérarchies humaines de l'esclavage et des colonisations qui ont gravé, creusé ces frontières dans notre peau comme dans notre vue d'ensemble, le mouvement naturel du Nègre vers sa liberté s'est fait entendre puis connaître partout.
Il faut aussi noter que ce qu'on a choisi d'appeler “ la musique ” existait, selon les dires de nos hommes de science et de leurs vestiges paléolithiques, à l'âge de bronze, y'a plus de 40000 ans av. J.-C . Elle se trouvait déjà sur le continent africain où les hommes créaient des mélodies sonores, à l'aide de leurs voix et de leurs instruments, pour d'abord se retrouver puis pour se donner du rythme et du courage au travail, à la chasse, aux longues marches, à la guerre... pour eventuellement en faire de la beauté, destinée à implorer puis honorer les cieux, la terre, la nature et tous les dieux qui les ont habités. Vivre est devenu une danse.
La musique, tout comme l'Homme, était déjà en mouvement.
Ceux-ci ne se sont pas impulsés sous la menace du fouet et des piétinements de l'ordre raciste systémique.
Ils ont été appropriés, sous cet ordre, puis vendus, par ce système.
Vous savez, on ne pourra pas toujours se confondre sur les liens entre la marionnette et la main.
Car qui bouge et qui fait bouger ?
Ces liens rompus, le spectacle se désarticule ; Quelle scène s'écroule et quel monde agit ?
Quels sont les sons, les accents de l'énergie ?
Quelle odeur libère l'art qui brûle ?
Ainsi, pour résumer la base qu'on entend pas assez, l'histoire de la musique populaire hollywoodienne - et donc internationale - c'est en d'autres mots, l'histoire même de la musique des Noirs, engendrée par les Noirs.
Cette musique codée, multi-couches, qui a traversé les océans, qui a été partagée entre les griots, entre les marrons, entre les révolutionnaires pour devenir cri de liberté, devenir rythmes-racines ancestraux, devenir chants des champs, du working man, des fers et des chaînes, des rails et des chemins sans destin, devenir vaillance du paysan, coeur du Negro-Spiritual, âme du Blues puis du Ragtime, âme des hurlements de guitares détunées, du love du R&B qui entraîna le Rock'n'Roll et l'intelligence du Jazz qui fait briller ce Freestyle qui ne se décortique toujours pas ! Même quand il est bétonné et machiné par la rue, par son hustle et son Hip Hop qui ne meurt pas !
Musique de sauvages, disent-ils ?
Tous ces sons disséminés aux quatre vents sur les billboards de la planète “American Dream” descendent tout droit de la hantise cauchemardesque du Nègre à qui les colonies n'a pas pu enlever le natural mystic. Seulement le profit des êtres de papier d'une forme retenue, puis formatée pour l'échiquier des chéquiers du marché global...
Or, tous les commercialisateurs, tous les ordonnateurs comme les ordinateurs, tous les économythiques comme les écolomuteurs le savent très bien que ce qui a beau maîtriser la forme pour la conquérir ne saura jamais contenir le fond, le composite du mouvement spontané primitif.
On ne contrôle pas la révolte des eaux.
Ce n'est pas le feu qui brûle qui embrase le vol de l'oiseau !
Quand les eaux se verront nous engloutir, je vous laisserai votre homérique billet pour Mars.
Je vous laisserai vous imaginer défier l'auteur du thème du générique, se moquant de vous comme une garce...
And that's what we call Freedom. Freedom Songs.
Voilà pourquoi la musique des droits civiques des Noirs est, a toujours été et sera toujours en mouvement.
Voilà pourquoi toute musique noire est une musique engagée et de ce fait, respectable ne serait-ce que pour sa généalogie, sa portée et sa franchise.
Voilà pourquoi, même lorsqu'elle s'amuse, la musique noire ne joue pas. Parce qu'elle ne fuit pas mais elle se bat ! Et donc elle vit !
Elle inspire la vie !
Voilà pourquoi j'en ai fait naturellement mon métier et mon souffle. Pourquoi je la prends très au sérieux.
Pourquoi je la laisse évoluer, jusqu'à ce que vie s'en suive.
Écoutez l'émission aujourd'hui, 15h, sur Ici Première à Radio-Canada
Écoutez l'émission