Ce sont des mots difficiles à porter dans les circonstances
sans que d’emblée le doute nous éclabousse
Mais si le désir est notre seule constance, celle qui nous fout la frousse
et qui même ces derniers mois de trêve n’a pas fait de cessez-le-feu,
à offrir, je n’ai plus qu’un rêve…et c’est ce voeu :
Que cet an 2020 devienne aujourd’hui plus inspirant qu’oppressant.
Qu’il nous apprenne le désir de l’être et de l’avoir au présent.
Tous acculés aux pieds de l’innocence
Tous balancés dans le confinement
du vide
À nous demander ce qu’il reste de vrai pour nous rattraper, ici-bas
Et qu’est-ce qu’il y a, réellement, qui peut tout emporter, là-haut
Ce qu’il nous reste de vécu dans les bras,
Ce qu’il nous reste d’imaginaire dans l’art du chaos…
So I’m’a make it real easy;
Mon feeling, mon coeur d'enfant, est appelé tout comme il est conçu par sa poésie.
L’oeuvre désire le vide comme le vide désire l’oeuvre !
All I got is now.
All I am is love.
Now. Love.
Et bienvenue à l'inconnu comme aux révolutions qui nous meuvent.
Non mais, tu crois qu’en entendant dire « N-word », je n’entends plus le mot nègre ?
Que je crois que quiconque en disant «N-word», dans sa tête ne pense pas au nègre ?
Hey ! Faut arrêter les gars ! Mascarade à la con…
Et voilà que le mot maître de sa liberté, en toute liberté, se fait blackbouler pour devenir à lui seul maître de l’esclave...
Le nègre
est une couleur que la colonisation a attachée à la servitude,
l’opposant à la couleur blanche qu’elle associa à la liberté.
Et c’est dans la stratification des tons entre les deux que se déploie la hiérarchisation raciale, le racisme systémique.
Je ne suis pas née « libre de couleur ».
Je suis née nègre. Comme ma peau que jamais je ne blanchirai.
Je suis née nègre au nom de tous les nègres qui m’ont évoquée en criant liberté !
Nous sommes libres parce que je suis encore…Nègre !
Tu les entends crier ?
Nègre fondamental, nègre lakay, grand nègre, nèg pam…
Voici l’homme !
Le Nègre de l’exploitation de l’Homme par l’homme.
Et ce, quoi qu’il advienne…
Honneur et respect à tous les pères et toutes les mères de notre histoire
qui aux pieds de l’arbre généalogique
ont versé leur sang, ont donné leurs vies pour faire naître la mienne.
Naître et mourir, un même souffle, harmonique.
La liberté n’est amère qu’à la bouche de ceux qui craignent qu’elle les voit soumis.
Entre l’amertume de celui qui se tait et s’oublie
puis celle de celui qui pense “ Nigga, sue me”,
laquelle est la plus assassine ?
Sur mon certificat, ce lègue en signature; Douce mais tranchante, ma plume s’affine.
Laissons renaître le Nègre.
Car aucun enfant du monde ne naît aigre
aux bras de ses racines.
Jenny Salgado
Comme on dit en créole, Onè! Respè! pour et de la part de mes deux Gran Nèg, Imposs et Webster...
J'entre en scène à partir du moment où Alexandre Goyette (celui qui a écrit la pièce originale et qui a lui-même joué King Dave autant au théâtre que dans l'adaptation au cinéma) fait vibrer mon téléphone...
Il m'explique, dans une conversation très intéressante et même très importante, qu'à la prise de conscience de tout ce qui se passe en ce moment socialement dans le monde et particulièrement ici au Québec quand aux évènements puis débordements autour du meurtre de George Floyd, aux prises de paroles sur le racisme systémique et aux actions nécessaires face à l'inéquité raciale, il avait envie de se responsabiliser lui aussi, de faire sa part.
Voilà où s'enracine pour lui l'idée de reprendre son oeuvre totem, celle qui a eu un énorme succès il y a 15 ans, mais en cédant son rôle aujourd'hui en 2020, celui de King Dave, à Anglesh Major, un jeune acteur haïtiano-québécois qu'il avait vu jouer y'a quelques années, qui l'avait vraiment impréssionné et qu'il s'était promis de revoir.
L'équipe de Duceppe a adoré l'idée. Elle a embarqué. C'est elle qui la présentera.
Anglesh dans un premier rôle, dans un seul en scène, à la Place-des-Arts... woush ! Placez deux ou trois emoji de feu ici. C'est chaud.
Mais chaud patate ! Comme disent les Haïtiens de Guyane !
Quelle histoire va-t-il porter exactement ? Quel “statement” ?
Parce qu'un noir qui joue un premier rôle, celui d'un jeune délinquant, faut-il le dire, à la PDA, y'a pas photo; Ce sera interprété par tous, quoi qu'on dise, comme une affirmation.
Car les jeunes noirs délinquants sont plutôt dominants dans les clichés qu'on est tannés de voir et qui ne nous représentent pas.
J'écoute. Je réponds.
Ça va prendre d'la musique pour que la trame de fond qui ambiance le script puisse bien s'agencer ! Pour que “ça sonne” vrai, cette histoire dans le franc parlé d'un homme noir en qui l'enchaînement des éléments, du temps, des lieux, des actions-réactions, des conditions des marges de vie de Montréal imprègne la peur.
Cette peur qui nous mène tous, d'une façon ou d'une autre, dans un environnement ou dans un autre, à un moment ou à un autre à une inertie... ou à un agir sans réfléchir.
Réfléchir... Qu'on le sache ou non, c'est ce qu'on fait toujours. Les uns sur les autres.
Je vous épargne tous les épisodes de vives discussions sur le scénario de base, sur les nécessités d'ajustements, sur les détails des uns, pierres angulaires des autres, sur l'ordinaire des uns, le sacré des autres, sur les possibles chialages de toutes parts et le réel travail, la réelle mise en oeuvre consciente de chacun. J'vais pas m'élonger sur l'importance de la justesse de la langue parlée du personnage, ni même sur le poids de l'histoire passée et à venir exprimé par tous les gestes qu'il pose dans cette oeuvre qui enfin parle de nous. Pour nous ?
Et si je n'entre pas dans le vif de ce sujet, ce n'est certainement pas pour le balayer du revers du script ou de mon kob en éventail. God no. C'est que l'exercice a été très prenant, comme toujours, en temps et en énergie que je me refuse à résumer en quelques phrases sous une affiche promo. Mais ça a été très enrichissant. J'ai appris beaucoup, dans les deux sens.
J'ai choisi de partager la confiance avec Christian (Christian Fortin, à la mise en scène) et Anglesh.
Car franchement, le jeu en vaut la chandelle.
Je laisserai parler l'oeuvre et la conversation qui s'en suivra.
Au terme de plusieurs échanges, toute l'équipe s'est harmonisée autour d'une même volonté :
À Montréal en 2020, King Dave va être noir et ça va s'entendre, ça va se voir et il sera universel. Boom !
Ça va frapper, ça va faire jaser, ça va être du lourd, du défi pis d'l'ouvrage !
Mais on est rendu là. C'est ce qu'il faut. On fera juste, on fera vrai, on fera de notre mieux. Go.
***
On arrive bientôt à la date de la première.
J'entends des tintements et ce ne sont pas que les murmures de la fébrilité, ni que ceux de cape et d'épée.
C'est aussi l'écho qui marque le temps d'une nouvelle époque, du changement qu'on subit ou qu'on décide de construire à notre image, une scène à la fois. Alors faisons l'histoire.
Je suis en train de mettre les derniers effets sur les dernières notes de musique.
J'essaie de faire en sorte que chaque son, chaque instrument illustre tout ce que je viens de dire et tout ce que je n'ai pas encore dit, sur la profondeur qui l'habite, l'amour qui le jure, les regards qui le jugent, l'histoire qui le pèse, sur le symbole de la couronne de King Dave.
À suivre...
Teaser de la websérie en développement adaptée du roman jeunesse de l'autrice québécoise Annie Bacon
Une réalisation de Sébastien Godron
Scénariste : Elisabeth Locas
Producteur exécutif : Laurent Everaerts
Et la musique ? Par Jenny Salgado
Pendant le mois de septembre de 2020, Guillaume Soucy et l’organisme À portée de mains ont eu la brillante initiative de diffuser un projet de multimédia éphémère sur les murs du quartier St-Michel à Montréal.
L’idée était de synchroniser les poèmes ou textes de différents écrivains (un/une par semaine) sur des images et de la musique en toile de fond.
Ils m’ont contactée pour me proposer de faire partie des auteurs. Ils m’ont dit “St-Michel, poésie, réverbérée direct sur les murs et corner des petites rues et avenues passantes…
J’ai répondu : « C’est cool. Présente. C’est le moment de se redonner à la source. »
Et j’ai écrit un texte pour l’occasion.
En arrivant sur place, j’étais pas certaine de mon feeling initial.
J’me suis demandé quel était le réel entrainement du geste puisqu’il n’y avait pas eu de promotion et donc pas de foule sur les lieux.
Mais quelque chose, de l’ordre du subconscient, m’a gardée plus longtemps que prévu sur place.
Puis comme j’écoutais la musique et lisais mon texte qui se répétait en boucle, imprégné dans cet environnement et surtout, dans les regards des citoyens qui passaient avec leurs quotidiens dans les mains dans leurs démarches existentielles, j’ai tout pigé.
J’ai compris que cette boucle faisait son oeuvre dans le temps…
Ce sont les passants, les habitants du quartier qui nous l’ont dit puis nous ont remercier de leur offrir une parcelle d’âme, ce quelque chose qui retient leur attention et leur parle, à eux !
« On voit jamais ça ici ! D’habitude, faut se rendre au Centre-Ville pour avoir accès à cet art là ! Ça fait du bien que ça vienne à nous…»
« Merci de faire ça pour nous, le vrai monde. De nous parler dans le langage du vrai monde, ici, direct où on habite ! »
« Ah! Ça c’est super pour les jeunes du quartier qui passent pis qui ont pas l’choix d’entendre, de voir pis de lire ça, construit pour eux, par quelqu’un qui vient d’la même place qu’eux… bravo. »
Voilà.
Voilà à quoi ça sert l’éphémère qui s’imbibe à vie dans le coeur et l’esprit de ceux pour qui il a été créé.
Merci.
Cliquez pour lire le texte
Je vous l’ai déjà dit, je le dis constamment : jamais je ne me tais.
Ma vie entière est ma déclaration.
Aucune absence, aucun silence. Que des déclamations…
Nul ne parle en mon nom.
Pas même pour esquisser ne serait-ce qu’une parcelle de ce que je pourrais penser. Le jour où nous saurons nous questionner au lieu de nous juger, où nous nous laisserons le temps de nous développer avant de nous conclure, ce jour-là annoncera le vrai changement. Celui vers un monde où chaque homme parle toujours à tous, pour tous, de tous les hommes.
Je me croyais démocratie. Aujourd’hui je ne crois plus, je suis.
Car tout régime politique est un système.
Tout système est une construction ordonnée.
Et là où il y a ordonnance, il y a forcément “ ordonneur ”.
Alors où ce dernier me classe-t-il dans sa vue d’ensemble ?
À quel moment arrive-t-il à moi quand il distribue les biens, pour ne pas dire l’existence à l’ensemble ?
Qui reçoit-il lorsque la table est mise, quel est son raisonnement ? Et pourquoi celui-ci ne m’attribue-t-il ENCORE que les restants du banquet, les miettes sur le parquet ?
Je m'adresse aussi à toi, toi qui réclame ta volonté comme si c'était la mienne, toi qui parle à ma place !
Je n'entends que du vacarme, j'entends crier “lève-toi !”,
Je vois s'élever des symboles, je vois s'élever les poings
Je vois les larmes versées sur les stèles des rois, je vois s'élever des couronnes qui n'ont plus d'auréole,
J'entends s'élever les voix, j'entends s'élever des mots !... mais le sujet reste assis.
Avant, je croyais en la démocratie.
Aujourd’hui, je ne crois plus.
Je suis chaque individu de cet ensemble né pour manifester l’impartialité dans l’unité.
L’ordonneur ?
Si l’ordonnance ne découle pas du droit naturel à l'équité que possède tout un chacun dans l’équilibre, je l’appelle imposteur quand il m’appelle désordre. Nous voilà opposés.
Ce ne sont pas là mes propositions. Ce sont ses définitions. Et il paraît que nous discutons, sans nous attarder à la linguistique :
- Qui est votre leader ? Et que voulez-vous ?
Me demande-t-il, comme si on négociait une belligérance au milieu des tranchées.
Comme si on se scindait en pays étrangers.
- Tant de ventres à nourrir, mon frère. La raison d’exister !
I can hear my belly, mon frère ! Il impose sa gérance !
Aucune frontière ne représente une fin. Sinon celle de l’errance.
Une seule mère nourricière. Une seule mère patrie ?
Tu le sais, c’est toujours la faim qui défonce les garde-manger.
Sauf quand c’est l’avarice. Celle qui nourrit ses riches.
La vie n’a pas de prix. Tu distribues la mort ! Tu crois qu’on ne voit pas le tri ?
N’est-ce pas toi que j’ai nommé jadis, pour m’interpréter ?
Ma parole t’es prêtée. Et je n’ai qu’un seul mot pour répondre à tes deux questions :
Elle s’appelle évidence.
L’éléphant dans la pièce.
Toi, tu joues l’élu, faon devant les phares, l’inconscient du Far West ?
L’éclat des coups de feu lui non plus ne fait pas de sémantique.
Il parle économie. Le sceau des grands vaisseaux. T’inquiète, on connaît.
T’as picoré la terre, t’as picoré ma peau, mais qui touchera mon soul ?
Ça va de mal en pis, en oeuvre pie décoré. J'entends les tintements de tes poches que tu frôles.
La richesse d'un coeur lourd, la tête sur les épaules,
J'ai vu le sommet.
T'inquiète, nous aussi, on sait qui on est.
Rejouer ta putain de scène antique ?
J’te vois sous ton bonnet !
Aucun trou de mémoire, l’histoire me l’a dit, ceci n’est pas mon rôle.
Démocratie ! Il manque des morceaux dans l’puzzle !
Et chaque pièce volée exigera toujours qu’on redonne la monnaie…
Je m’appelle Évidence et si devant moi tu détournes les yeux,
tu es de mauvaise foi mais moi, je ne crois plus. Je suis ce que je veux.
La même chose pour tout le monde : Je veux ma part.
Je veux l’équilibre.
Je veux la paix.
Respect à tous les feus affranchis
qui dans cette histoire systémique ont fait combustion avant moi.
Pardonnez ce temps, ce spectacle disgracieux sous ces lumières sombres.
Je m’en irai à votre vie. Je ne retournerai pas à vos tombes.
Je n’attends plus. Je ne lead même plus.
Aujourd’hui… Je suis.
Jenny Salgado
Ce matin, 23 juin 2020, veille de la St-Jean, j'entendais Dany Laferrière dire ceci à la radio :
« Je suis comme un escargot qui ramasse en tout sa demeure, qui l'emmène partout avec lui... En tout, on pose un grain d'éternité...»
Dany !
Je fais suite en partageant ceci :
Et bonne Fête nationale à tous...
À l'aube de la Fête nationale, La Presse se demande qui sont les inspirations québécoises des rappeurs d'ici...
Salutations à Marissa Groguhé pour cette discussion intéressante.
En ce dimanche de recueillement, lendemain d'obsèques, toute l'équipe des Productions J.Kyll tient à souhaiter sympathies et condoléances à la famille, aux amis, camarades et fanatik de Alain Philoctète...
Alain c'est, entre autres grandes choses, le héros du film «Kenbe La» de Will Prosper pour lequel j'ai signé la musique et qui a donc gravé mon inspiration vitale l'année dernière.
On ne sait jamais ni comment ni à quel moment on change le courant des choses, de l'histoire, de la vie…
Pour ce qui en est de la mienne, sur ma ligne temporelle, y'a un avant et un après ma rencontre avec Alain.
Cet homme et sa femme ont mis une lumière et un cri sur la passé silencieux qui m'habite et me forge.
Ils ont posé la hampe à mon étendard et à ma flamberge.
Ils ont pétri mon expression artistique.
Ils m'ont permis non seulement de croire mais d'expérimenter les générations qui me précèdent et tout ce travail qu'elles ont accompli pour que je puisse être présente à mon tour.
Parfois on cherche l'espoir au large de l'horizon. Et voilà que celui-ci nous ramène à notre mémoire.
Alain, merci pour tout...
M pap bliye, papa. Ochan!!! Kenbe la.
« Il n'y a pas d'amour sans lutte »
#SouvenirsDe2020
Ne pas oublier qu’ultimement, c’est encore et toujours c’qu’on est en train de faire : Battre la mesure. Créer de nouveaux souvenirs…
Sortir des ouï-dire et des qu’en-dira-t-on ; Ne se fier qu’au silence avant de faire du bruit, qu’à ce que l’on sait, par soi-même. Ce qu’on a déjà expérimenté…
Qu'est-ce tu vas doser devant l'absolu ? Pis qu'elle part de ta mesure vas-tu lui laisser ?
Un de mes meilleurs moments de collabo de 2020, c’est cette rencontre avec Marie-Gold.
Sincèrement, j’ai dialogué avec plusieurs artistes de la relève au courant des années. Or, le face-à-face avec MG pour moi s’est vraiment distingué. La personne au-delà du personnage, je l’ai trouvée mature dans sa drive, déterminée dans son laisser-aller et humble dans son assurance, ce qui lui donne une perspective très étendue et réaliste dans ses ambitions et aspirations.
Conversation super franche et fluide.
Au final, ça a donné ça : Doser
C’est la dernière pièce de son nouvel et premier album, Règle d’or, sorti il y a deux jours, qu’elle m’a invitée à conclure.
Album très fidèle a ce qu’elle est réellement alors j’ai kiffé. C'est un honneur.
Et je lui ai offert tout ce que j’ai ressenti en cet instant.
Que du love.
Merci pour cet échange très humain, MG. Et longue route ! You got the floor…
▶️Écoutez la chanson et l'album
J’ai ouvert la fenêtre ce matin, aux petites heures.
Comme elles sont grandioses, les petites heures !
C’est le chant glorieux d’un oiseau qui m’a interpellée, me l’a recommandé.
Annonciateur du printemps arrivé… ou du printemps avenir ?
Ça sonne comme une comptine d’enfants, n’est-ce pas ?
J’espère encore que tous les enfants du monde s’éveillent au chant des comptines.
« Ne laisse pas l’hiver s’éterniser et traîner ses bottes chez toi.
Pèlerin, je m’excuse d’oser te le dire mais tu dois reconnaître ton temps comme tu reconnais ton temple ; Il est l’heure pour toi de rentrer. »
Il y avait longtemps que les ramages ne traversaient plus mes vitres ( ou mes tambours ? ) , obscurcis par le bruit des déplacements humains…
Mais nous voilà tous confinés désormais, dans nos occupations fanées
Chute effrénée,
Tomber des cieux sans sol.
Rien d’nouveau sous l’soleil ;
Il est si loin de nous. Alors ? Qui croit encore qu’il se sent seul ?
Le spectacle profané des engagements sans soldes
Les vertus affinées de la fainéhantise affamée
Plus de faits, plus de faux
Plus de noir, plus de blanc
Que des tons choisis chez l’teinturier, badigeonnés sur des drapeaux.
Des récits de flamboyances, de guerres et d’amours à distance, de mémoires sous des chapeaux
En signe de “crois”
Si l’chapeau te fait, porte-le…
Le vent se déchaîne dans les cheveux des masques décoiffés à la queue-leu-leu.
Si l’chapeau te porte, porte-le !
Ou défonce-toi aux instants malheureux.
Ou défonce-toi.
Que des nuances d’ignorance dans l’espérance de la raison.
Et du coup, soit vite fait tu dégrises, soit tu t’en “ fou ”,
soit tu t’en soûles.
Car si l’oisiveté est mère de tous les vices, peut-t-on la blamer de vouloir nourrir ses enfants ?
Et ceux-ci, révoqués, renvoyés à leurs nids, de pleurer la souvenance des planches qu’ils foulent ?
Comme disait Laborit, l’homme n’est qu’une mémoire qui agit.
J’espère encore que se souvenir assagit.
Nous voilà tous confinés dans nos obligations fanées
À tâtonner l’incertitude, à s’imaginer la clarté aux lueurs et murmures de nos connaissances.
J’me souviens de mes potes en’d’dans qui m’disaient que la liberté se trouve entre les murs.
Hey les gars, est-ce que j’dois me méfier alors de son goût amer ?
Ou m’en familiariser tout comme je m’accoutume à ma propre amertume ?
Car nous voilà tous confinés à nos êtres fanés.
Qu’en reste-t-il de vivant ? Ou que reste-t-il de la vie ?
Sinon ce souffle qui a toujours traversé nos soupirs
Et nos soupiraux pour rentrer chez lui,
Nous attendre en silence.