Dimanche, 10 Mars 2013 19:00
J’constate qu’il n’y a plus d’intérêts pour les grandes histoires détaillées, prenantes et profondes, comme il n’y en a plus pour le livre, l’objet mythique, le feeling de la couverture que tu fais plier dans tes mains, l’odeur de l’encre amarrée au papier, de l’univers marginal qu’on transporte avec soi partout, du métro à la salle d’attente à la chambre à coucher à la toilette…
Désormais, voilà comment on parcourt une page : s’il faut scroller down plus que deux fois sans que rien ne te raccroche à l’élément déclencheur, c’est que la chute est trop longue. On passe à un autre appel.
L’urgence de dire a pris le dessus sur le développement des idées. Les proverbes vaudevillesques sur la pensée. Et l’expérience se résume en anecdotes triviales.
Ça fait que même moi, qui adore les mots et qui parle trop longtemps quand on m’donne un mic (même entre mes chansons sur un stage) j’en viens souvent à faire taire mes pensées, comme on chicane un gamin qui chiale au supermarché pour des bonbons quand on compte la commande à la caisse...
À force de s’résumer, on va finir par devenir symboliques !
Et à force de faire court…ben, on en oublie de plaire, de faire jouir. L’important c’est qu’on l’fasse, que le monde le sache et le reste, on s’en fout !
Short and sweet…
Le développement, le détail du tableau, sa poésie est l’amer qu’on enlève au couteau pour en garder l’essence. Pervertir l’essentiel. Nothing under the sugarcoat.
Et pourtant, tous ces abrégés en disent long !
Suffit de voir le nombre et la nature des fautes d’orthographes !
Moi aussi j’en fais mais…Seigneur !
Soit tu ne te relis pas parce’tu t’en crisses, soit tu te relis juste pour te dire comment t’es bon.
Quoi qu’il en soit, tu te surestimes.
Des milliards de courts messages, à coups de 140 caractères, qui scrollent down sur la ligne temporelle, espérant être lus au passage de la solitude, jusqu’à disparaître à jamais, hors écran. Voilà où nous en sommes. Littéralement.
Celui qui nous reliera va trouver l’temps long !
P.S. Ironie : Un simple instant dégueulasse, vil, digne au mieux du plus bas des mépris… Tu l’étends dans un livre et il vient de faire l’histoire.