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Boite vocale : Médias, Politique, Artiste, Activiste et même Famille !
Je vous ai déjà dit que je ne sais pas comment l'expliquer ou lui plaire.
Je sais simplement que je n'oublierai jamais que je viens du populaire. 
Je ne parle pas pour lui, je ne parle pas en son nom, je parle avec lui.
Et il n'a pas de frontières sinon celles que chacun peut choisir de lui donner.

Quel dommage… Tous ces gens avec qui j'ai trippé fort, avec qui si souvent j'ai parlé, écrit, composé, rêvé, trippé liberté ! 
Et qui aujourd'hui me demande de choisir mon camp ?!!! 

Je ne voulais pas ajouter ma voix parmi tous les débordements et toutes les dérives. J'avais pas l'goût de conjuguer avec les fusillades d'insultes venant de toutes parts dans le no man's land, préférant me taire pour réfléchir l'ensemble au lieu de me diviser. 
Je croyais que la douleur était vénérable. Que devant elle, on retenait notre souffle, par respect, pour voir ce que l'on fait et ce que l'on peut faire.
J'ai été surprise de voir à quel point personne ne l'entend plus quand la peur la caviarde. Car oui, c'est elle la seule censure. Cette peur que la réalité de l'autre empiète sur notre propre existence fragile.
Ça me brise le coeur. Alors je brise mon silence.

Pourquoi est-ce si difficile de comprendre le sacré ? 
Dire à quelqu'un : « Tu ne porteras pas ces vêtements quand tu entres chez moi, même s'ils te sont sacrés » ça se respecte. 
Mais dire à quelqu'un : « Tu n'as pas de chez toi car je ferai tout ce que je veux du sacré qui t'appartient » , où est le respect ?

Pourquoi est-ce si difficile de comprendre qu'il y a des émotions qui ne nous appartiennent pas ?  
Qu'il existe des choses qu'on honore en les regardant sans jamais les toucher, qu'on partage seulement en les pointant du doigt ? 
Qu'il y a des sensibilités qu'on ne peut pas intérioriser ni personnifier sans nécessairement jouer faux et donc les profaner, puisqu'il n'y a pas d'abstraction possible, puisqu'elles ne peuvent pas empiriquement faire partie de notre propre vécu ? 
Surtout quand ces sensibilités existent encore, ombragées par les nôtres, par cette part d'une même histoire qui en profite encore ?

Non, je ne parle pas du culturel. 
C'est un honneur de partager tout ce qui nous caractérise. 
Je parle d'appropriation du réel. 
Car en réalité, l'esclavage existe encore. 
Et c'est là tout ce qu'il faut comprendre et donc interpréter avec justesse. 
Quand tu dis le mot “esclave”, pour moi c'est pas de l'art,
certainement pas de l'entertainment
et si c'est juste les affaires, as usual, ce n'est toujours pas moi qui en profite. 
Quand j'entends le mot « esclave », je lève la tête comme si tu dis mon nom. 

Comprends que si je ne me vois pas quand tu mets en scène LA réalité,
que je suis absente en ce que tu appelles ta liberté ou ton imaginaire, 
que je le suis encore même en ce que tu appelles MON esclavage
et que je n'entends même plus la douleur et la force, la profondeur du feel existentiel de la voix de mes aïeux dans nos propres chants sacrés,
c'est que pour toi, je n'existe pas objectivement. C'est qu'avec toi, je ne suis pas, distinctement. 
C'est pas moi qui le dis, c'est la science : « L'homme est une mémoire qui agit ».
Si avec toi on m'oublie, si avec toi je n'existe pas, contre toi je résiste. 

Alors si tu es conscient que l'histoire est une réalité qui perdure avant d'être de l'art, 
si tu es conscient de la provenance de ces chants que mon peuple a soufferts, a priés, a pleurés, avec lesquels il a gardé la tête haute sous le soleil et les coups, puis fermé les yeux devant tant de cercueils et de berceaux...alors tu sais qu'on ne peut les chanter de façon honorable sans ceux qui leur rendront justice. 

Tous les grands artistes le savent, il y a des répertoires qu'on n'osera jamais toucher, ne serait-ce que par humilité.
Mais qu'y a-t-il de plus respectable que la mémoire d'un homme qui cherche encore à épargner la valeur de sa vie dans un monde où la vie s'achète et se gaspille, où la vie s'offre en spectacle ?

Jamais je ne mettrais muselière à la muse. 
Mais si je t'affirme que tu dis quelque chose qui me blesse, te fous-tu de ma gueule à ce point pour continuer à la répéter sans te taire d'abord pour comprendre pourquoi ça m'a heurtée ? Tu ne veux pas qu'on en parle entre nous, qu'on essaie d'abord de nous mettre d'accord entre l'intention et sa portée ?

Entendons-nous,
ce n'est pas que des Noirs aient chanté au passé mais bien parce que des Noirs chantent encore au présent, des chants de nègres, pour survivre. 

Merci pour votre écoute…

Jenny

 

 

 

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         — Yo, mom, pops ! Devinez quoi ? L’équipe va participer au premier char allégorique de la Saint-Jean cette année !
       
— Ah oui ? Hmmm… Ah bon. Faire quoi, pitit ? En tout cas…Bravo fiston. Fais ça bien s’il te plaît.

 

J’pense pas qu’aucun de ces jeunes qui sont sortis de chez eux la tête haute ce matin du 24 juin 2017 ne pensait devoir, de retour,  au lendemain, dissimuler leur identité et ne montrer que l’ombre de leur honte devant les caméras qui leur demandent : “ Et vous, que pensez-vous de toute cette histoire ? ”

Mon cœur se déchire quand j’entends la vulnérabilité de l'ingénuité dans leur réponse menacée et chagrinée.
“ Mais Nous, on n’a rien fait de mal ! ”
Et encore une fois, l’innocence se retrouve entre les tranchées de la guerre des mondes, des grands, des raisonnables qui la représentent.
Je suis désolée pour ces pauvres jeunes et leur coach qui voulaient simplement faire parler d’eux, faire savoir qu’ils existent eux aussi et faire ce qu’il faut pour que l’équipe ne soit pas mise au rancart des quartiers défavorisés…
Aujourd’hui, qui parle vraiment d’eux ? De cette équipe, de ces jeunes qui ont tous une vie, pour un petit moment chamboulée, et un nom qui ne voulait probablement pas, à ce moment, faire l’histoire.
À défaut d’avoir réussi à se fondre dans la masse, ils se sont, en dépit de chacun d’entre eux, assimilés au symbole. Mais lequel ?

 

Aux représentants du Nous :

La fête de la Saint-Jean-Baptiste, c’est pas juste un prétexte pour s’habiller en bleu et blanc pis boire d’la bière.
C’est un symbole.
On laisse aux autres le sacré religieux de cette date. Ici, le 24 se décapsule en autant de bouteilles au nom de la gloire d'une nation.
Le défilé des chars allégoriques, c’est pas juste une petite chorégraphie qu’on monte vite fait pour le p’tit peuple. C’est aussi un symbole.
Celui de l’histoire en mouvement qui se déroule jusqu’à devenir ce que nous sommes.
Et cette image qui fait le tour du globe ? C’est pas seulement une p’tite capsule promo pour Annie Villeneuve et les organisateurs du show must go on.
Qu’on le veuille ou non, c’est le symbole de la place qu’occupe chacun d’entre nous dans l’histoire de la nation québécoise, d’hier à aujourd’hui.

Quand on décide d’ériger un symbole, c’est qu’on se tient responsable de tout ce que celui-ci représente, à l’intérieur comme hors de son contexte.
Car le symbole, par définition, par fonction, parle pour nous et de nous.
Et vous savez aussi bien que n’importe qui ce que veut dire, à travers le monde, le symbole d’un char titré “ Il était une fois ”, portant un “ parler d’amour blanc”, entouré que de blancs vêtus de l’innocence et de la liberté blanches…tirées à bras d’hommes par des jeunes noirs habillés de haillons beiges et de la lourdeur du présent sur leurs visages à chacun de leurs pas.

Parfaite coïncidence, erreur de parcours ? Ok.
Manque de cohérence et de rigueur entre l’intention et le résultat ? Trop souvent.
J’espère que vous vous êtes excusés auprès de ces jeunes.

 

       — Tu vois ? Voilà ! Voilà pourquoi on n’aime pas te laisser participer à ces choses-là ! Peu importe ce qu’on fait, on est toujours mal vus ! Oublie tout ça. Ret’ nan wòl ou pitit. Dorénavant, on restera chez Nous !
      — OK mom. Désolé…

 

Aux autres, comme à Nous :

Restons indignés, puisqu’il le faut.
Restons même colère quand il le faut.
Mais ne nous résumons pas qu’en cela.
Soyons toujours justes et dialogues. Soyons progression.
Soyons l’exemplaire de la cohérence et de la rigueur vers le résultat que nous autres nous bâtissons, nous autres désirons, dont nous autres sommes tenus responsables.
N’oublions jamais la jeunesse qu’on représente, qui nous écoute, qui nous suit et à qui on cèdera ce résultat, comme son intention.
Qui grâce à nous, ne sera jamais le symbole de la complainte et des souffre-douleurs.
Qui, grâce à nous, ne se sentira plus jamais mal en pensant faire quelque chose de bien.
Soyons grands alors que nous raisonnons l’expression des allégories qui Nous portent sans nous charrier.

***
 
 
Gaffe à l'allégorie de l'histoire du troupeau, du berger et du loup :
1.Plus aucun mouton n’aspire à libérer le troupeau.
Ils se contentent tous de la fierté de crier au loup en attendant le retour du berger, qui par pure coïncidence à chaque fois est absent et qui rentre le ventre plein, un nouveau manteau de laine sur le dos.
2.Plus aucun mouton n'aspire à libérer le troupeau. Ils se contentent tous de la fierté d'avoir un berger qui sait crier au loup.
3. Dans l'infini de l'enclos, on compte les agneaux qui rêvent de la clé, en sautant...puis on oublie l'agneau qui ne dort pas la nuit, qui apprend à hurler.
 

 

 

 

Hier, ça a fait 4 ans déjà.
Il faut que je regarde dans mon agenda désormais pour savoir combien de temps ça fait.
Je n'ai pas été voir tes parents. Je ne les ai pas appelés non plus.
J'ai peur de nous faire, à eux comme à moi, plus de mal que de bien.

Toute la gang était là, à veiller.
À veiller sur ce qui nous tient encore ensemble, même si c'est juste quelques fois par année, parce qu'on sait tous que le temps a dérobé bien des amours et même des amitiés.

Je n'ai pas encore fait la paix avec ta décision.
J'espère que je ne la ferai jamais. Tout comme j'espère que la douleur que tu m'infliges, quelque part, demeurera toujours. Elle me garde en vie.

On a parlé de toi hier. Sans savoir trop quoi dire. Ce sont les silences et les regards baissés qui en disaient long.
On n'a même pas levé nos verres en ton nom. On le sait maintenant qu'il n'y a rien à célébrer. Je trouve que c'est sain. Peut-être le moment avec la clique, qui t'appartient, le plus sincère depuis ton départ. Personne n'a chercher à fuir ou dissimuler l'évidence : l'affliction restera plus longtemps et refera surface plus souvent que les souvenirs.

J'ai quand même terminé mon verre en pensant à toi. Pour toi.
Toi qui payais tout l'temps la tournée jusqu'à ce qu'on soit tous K.O.
Jusqu'à ce que tout l'monde rit fort ! Jusqu'au moment de rentrer en s'foutant de marcher de travers, pour aller intermédier dans l'sommeil ou aller s'faire baiser.
Mais toi, je ne t'ai jamais vu vraiment saoul. Tu as toujours ri de bon coeur, suffisamment. Tu as toujours marché droit, le regard vif. And no one could fuck with you!
Je ne sais plus si je t'ai déjà vu heureux...

Je n'ai pas su t'aimer comme il le fallait. Pour ça, je m'en voudrai toujours. Mais tu sais quoi ? Tous ceux que j'aime, aujourd'hui le savent très bien.
J'vais appeler tes parents. J'te l'promets.

 

 

Un autre de mes chums a pogné 30 ans hier. La gifle fut brutale.
La trentaine. C'est terrible.
Mon corps se moque de moi.
Douleurs sans raisons manifestes. Se traîner quotidiennement sur un tapis roulant et se pétrifier quand même (dans le sens de perte de fluidité de mouvements et non pas six pack découpé).
Mon esprit semble s'évaporer aussi. Pis ça ça m'fait chier. Apeurant, grave.
L'usure d'un ordi qu'on a gavé d'infos inutiles à mémoriser et qu'on a programmé pour répondre à trop de fonctions multi task en même temps. System overload.

J'entends déjà les trentenaires (et ceux de 40 aussi !) s'extrairent de cette description avec ferveur, à s'époumoner ! Mais quelque chose dans leurs passions bucoliques, dans leurs rides botuliques, dans leurs sourires synthétiques et leurs regards anesthésiés finira par céder. Shut up.

Jamais auparavant, dans mes deux autres foutues décennies de vie, j'avais senti mon être divisé si nettement en trois départements distincts : Le corps, l'esprit et l'âme. Ouais ouais, je sais. Vous êtes une méchante gang à ne pas croire à l'existence de l'âme. Moi, j'suis quasiment certaine que c'est ça qui reste à la fin.